Le non-agir, c'est agir de tout son coeur tant qu'il le faudra, après avoir renoncé à l'empressement de sa tête.
Une croyance courante chez les adeptes de la Providence, du karma ou du non-agir, c'est l'idée que les efforts sont inutiles, la volonté dépassée – il y a juste à laisser les choses venir.
« Ce qui doit arriver arrivera. » « Cela arrivera lorsque le karma sera mûr. » etc.
Le non-agir n'est certainement pas synonyme de ne " rien faire " ni de " laisser faire ".
L'initiation, c'est le processus par lequel nous abandonnons notre inclination naturelle à l'inconscience pour décider que même si cela nécessite des souffrances, des efforts, de l'endurance, nous poursuivrons l'union consciente avec l'esprit profond, le soi sauvage.
Bien sûr, il est salutaire de reconnaître ses limites, de s'abstenir lorsque le danger est trop important, de se reposer lorsque le corps est fatigué, de ne rien faire tandis que les choses mûrissent dans la psyché ou le monde extérieur.
Le moi du cerveau gauche veut tout contrôler et déteste la répétition, l'absence de sens intelligible et l'inconfort. Comme l'explique un article sur le Zen et le cerveau droit, le non-agir ne consiste pas à se retirer pour pratiquer l'ascèse ou à n'agir que lorsque la situation est fluide et confortable, mais à faire les choses sans que le moi ne conceptualise l'expérience vécue. Peindre un tableau, fabriquer un meuble ou aller voir un psy régulièrement sur du long terme sont autant d'occasions de non-agir très activement...! Cela nous confronte à nos peurs et s'engager dans de telles "non-actions" demandent du courage et de la persévérance : parce que le moi ne nous laisse pas facilement passer en mode cerveau droit où l'effort est superflux.
Il y a quelque chose de pervers aujourd'hui dans la confusion entre le "présent éternel" et le résultat immédiat. Entre le principe spirituel d'être ici et maintenant et la vision à court terme de notre société consumériste. La vision à court-terme pour le petit peuple bien sûr, pas pour l'élite qui fait pendouiller la carotte.
Notre tolérance à la frustration – et à la souffrance – est annihilée. Nous faisons passer cela pour de la bonté envers soi-même ou du non-agir : du non-effort. Nous ne distinguons plus la paresse du respect de soi. Nous nous laissons nous infantiliser par le confort moderne : nous voulons des résultats immédiats façon haut-débit dégroupage total. Des forfaits pas cher sans engagement. À force de vouloir aller vite nous ne savons plus attendre. Quoi de plus astucieux que de faire passer cette impatience pour du non-agir ?
Être ici et maintenant signifie ne pas réfléchir. Cela signifie agir à l'endroit approprié ni trop tôt, ni trop tard : de ne pas être déjà l'année prochaine, dans l'atemporalité (dans l'ailleurs...), de ne pas brûler les étapes de chaque processus de la vie que l'on va recroiser maintes fois et qui s'inscrivent dans un temps chronologique et cyclique.
Être ici et maintenant, c'est accepter par moment que même si l'on a déjà fait beaucoup d'efforts, il faut les maintenir encore et encore. C'est d'ailleurs sur la durée que le mental et le corps peuvent vraiment intégrer les nouvelles informations et expériences. Comment peut-on digérer quoi que ce soit si l'on ne persiste pas dans l'action ? Si l'on n'a que de brèves expériences ? Il arrive également que ce ne soit pas à la tête mais au corps d'apprendre quelque chose, et d'avoir l'impression de ne pas avoir changé alors que c'est le contraire. Ce n'est pas parce qu'on fait des efforts et qu'on n'a aucun résultat que les efforts sont vains : il est peut-être trop tôt tout simplement.
Le déclic ne vient pas immédiatement, mais avec le cerveau droit " l'éternel retour " devient naturel, voire agréable. Il suffit sans doute d'entrer dans une transe du faire, où l'action a lieu sans que le moi soit là pour agir. L'ADN ne s'est jamais lassé de se répliquer depuis des milliards d'années.
Être ici et maintenant, c'est embrasser à la fois le présent éternel et le temps linéaire. C'est comme s'il y avait un rythme – qui peut évoluer – dans chaque situation, dans chaque être. Les quatre saisons, les cycles biologiques, les rythmes et changements de rythme d'un joueur de tennis. Nous pouvons à la fois nous synchroniser avec chaque rythme et modifier le tempo au moment opportun.
Plus nous arrivons à ressentir les rythmes et à nous laisser bercer (cerveau droit), plus nous sommes à même de patienter, de maintenir un effort à long terme.
Plus nous arrivons à appréhender les différentes phases des cycles (cerveau gauche), plus nous sommes à même d'agir au moment adéquat.
Hélas ! Souvent le moi viendra nous alarmer : " Cela fait trop mal, c'est trop risqué, c'est trop ennuyeux, c'est trop long ! C'est totalement inutile ! " pour que l'on renonce aux tâches les plus transformatrices. Plus nous aurons une volonté bien enracinée (du soi ou du moi peu importe), plus nous aurons la capacité de franchir les barrières du moi et laisser place à la non-action.
Plus l'ego se retire, plus il est possible de faire des efforts.
Beaucoup me répondraient que tout ce qui nous arrive arrive pour le mieux, pour apprendre quelque chose, lorsque nous sommes prêts. Pourquoi refuser que nous faisons des erreurs ? Que parfois les choses se finissent mal ? Massacre, catastrophe naturel... Mal au regard de nos aspirations les plus profondes. Si tout est bon à prendre et que l'on ne veut rien éviter, pourquoi adopter telle méthode ou tel rituel, embrasser telle ou telle voie spirituelle ?
Le rejet de l'effort est également dû au sentiment de supériorité inavoué chez certains pratiquants spirituels qui se sentent spéciaux. Ils ont une mission sacrée ou perçoivent mieux les mécanismes et les illusions de l'existence que la grande majorité. S'ils dépassent le monde matériel, pourquoi devraient-ils se soumettre aux contraintes matérielles ? Regardez plutôt : c'est Dieu ou l'Univers qui satisfera tous les besoins de ces "Élus" et "Initiés".
Si certains sombrent dans le cynisme, l'alcoolisme ou le suicide, c'est peut-être parce que nous n'avons pas appris à distinguer les rythmes et leurs phases, à battre le blanc tant qu'il n'y a pas de neige et à surmonter les obstacles surmontables. Il y a des efforts contre-productifs et il est bénéfique de les voir. Néanmoins, il semble arrogant de déterminer à l'avance ce que nous méritons de vivre et de recevoir sans donner de soi-même.
Au début et pendant longtemps, la volonté et l'effort sont hautement nécessaires pour contrer la résistance du moi à passer en mode cerveau droit, ses jugements, et sa soif de contrôle. Et plus le moi s'éclipse, moins l'effort est nécessaire – plus la volonté se réduit à de la prise de décision.
Et pourquoi s'arrêter devant les contraintes, lorsqu'on sait qu'elles nous rendent plus inventifs ?
Le développement de l'être, c'est comme la poterie. Si l'on appuye trop fort (volontarisme), la terre va s'écraser. Si l'on n'appuye pas assez (laisser-aller) et assez longtemps, la poterie ne va pas prendre forme ou aura une forme inadaptée.
Une croyance courante chez les adeptes de la Providence, du karma ou du non-agir, c'est l'idée que les efforts sont inutiles, la volonté dépassée – il y a juste à laisser les choses venir.
« Ce qui doit arriver arrivera. » « Cela arrivera lorsque le karma sera mûr. » etc.
Le non-agir n'est certainement pas synonyme de ne " rien faire " ni de " laisser faire ".
L'initiation, c'est le processus par lequel nous abandonnons notre inclination naturelle à l'inconscience pour décider que même si cela nécessite des souffrances, des efforts, de l'endurance, nous poursuivrons l'union consciente avec l'esprit profond, le soi sauvage.
Bien sûr, il est salutaire de reconnaître ses limites, de s'abstenir lorsque le danger est trop important, de se reposer lorsque le corps est fatigué, de ne rien faire tandis que les choses mûrissent dans la psyché ou le monde extérieur.
Le moi du cerveau gauche veut tout contrôler et déteste la répétition, l'absence de sens intelligible et l'inconfort. Comme l'explique un article sur le Zen et le cerveau droit, le non-agir ne consiste pas à se retirer pour pratiquer l'ascèse ou à n'agir que lorsque la situation est fluide et confortable, mais à faire les choses sans que le moi ne conceptualise l'expérience vécue. Peindre un tableau, fabriquer un meuble ou aller voir un psy régulièrement sur du long terme sont autant d'occasions de non-agir très activement...! Cela nous confronte à nos peurs et s'engager dans de telles "non-actions" demandent du courage et de la persévérance : parce que le moi ne nous laisse pas facilement passer en mode cerveau droit où l'effort est superflux.
Il y a quelque chose de pervers aujourd'hui dans la confusion entre le "présent éternel" et le résultat immédiat. Entre le principe spirituel d'être ici et maintenant et la vision à court terme de notre société consumériste. La vision à court-terme pour le petit peuple bien sûr, pas pour l'élite qui fait pendouiller la carotte.
Notre tolérance à la frustration – et à la souffrance – est annihilée. Nous faisons passer cela pour de la bonté envers soi-même ou du non-agir : du non-effort. Nous ne distinguons plus la paresse du respect de soi. Nous nous laissons nous infantiliser par le confort moderne : nous voulons des résultats immédiats façon haut-débit dégroupage total. Des forfaits pas cher sans engagement. À force de vouloir aller vite nous ne savons plus attendre. Quoi de plus astucieux que de faire passer cette impatience pour du non-agir ?
Être ici et maintenant signifie ne pas réfléchir. Cela signifie agir à l'endroit approprié ni trop tôt, ni trop tard : de ne pas être déjà l'année prochaine, dans l'atemporalité (dans l'ailleurs...), de ne pas brûler les étapes de chaque processus de la vie que l'on va recroiser maintes fois et qui s'inscrivent dans un temps chronologique et cyclique.
Être ici et maintenant, c'est accepter par moment que même si l'on a déjà fait beaucoup d'efforts, il faut les maintenir encore et encore. C'est d'ailleurs sur la durée que le mental et le corps peuvent vraiment intégrer les nouvelles informations et expériences. Comment peut-on digérer quoi que ce soit si l'on ne persiste pas dans l'action ? Si l'on n'a que de brèves expériences ? Il arrive également que ce ne soit pas à la tête mais au corps d'apprendre quelque chose, et d'avoir l'impression de ne pas avoir changé alors que c'est le contraire. Ce n'est pas parce qu'on fait des efforts et qu'on n'a aucun résultat que les efforts sont vains : il est peut-être trop tôt tout simplement.
Le déclic ne vient pas immédiatement, mais avec le cerveau droit " l'éternel retour " devient naturel, voire agréable. Il suffit sans doute d'entrer dans une transe du faire, où l'action a lieu sans que le moi soit là pour agir. L'ADN ne s'est jamais lassé de se répliquer depuis des milliards d'années.
Être ici et maintenant, c'est embrasser à la fois le présent éternel et le temps linéaire. C'est comme s'il y avait un rythme – qui peut évoluer – dans chaque situation, dans chaque être. Les quatre saisons, les cycles biologiques, les rythmes et changements de rythme d'un joueur de tennis. Nous pouvons à la fois nous synchroniser avec chaque rythme et modifier le tempo au moment opportun.
Plus nous arrivons à ressentir les rythmes et à nous laisser bercer (cerveau droit), plus nous sommes à même de patienter, de maintenir un effort à long terme.
Plus nous arrivons à appréhender les différentes phases des cycles (cerveau gauche), plus nous sommes à même d'agir au moment adéquat.
Hélas ! Souvent le moi viendra nous alarmer : " Cela fait trop mal, c'est trop risqué, c'est trop ennuyeux, c'est trop long ! C'est totalement inutile ! " pour que l'on renonce aux tâches les plus transformatrices. Plus nous aurons une volonté bien enracinée (du soi ou du moi peu importe), plus nous aurons la capacité de franchir les barrières du moi et laisser place à la non-action.
Plus l'ego se retire, plus il est possible de faire des efforts.
Beaucoup me répondraient que tout ce qui nous arrive arrive pour le mieux, pour apprendre quelque chose, lorsque nous sommes prêts. Pourquoi refuser que nous faisons des erreurs ? Que parfois les choses se finissent mal ? Massacre, catastrophe naturel... Mal au regard de nos aspirations les plus profondes. Si tout est bon à prendre et que l'on ne veut rien éviter, pourquoi adopter telle méthode ou tel rituel, embrasser telle ou telle voie spirituelle ?
Le rejet de l'effort est également dû au sentiment de supériorité inavoué chez certains pratiquants spirituels qui se sentent spéciaux. Ils ont une mission sacrée ou perçoivent mieux les mécanismes et les illusions de l'existence que la grande majorité. S'ils dépassent le monde matériel, pourquoi devraient-ils se soumettre aux contraintes matérielles ? Regardez plutôt : c'est Dieu ou l'Univers qui satisfera tous les besoins de ces "Élus" et "Initiés".
Si certains sombrent dans le cynisme, l'alcoolisme ou le suicide, c'est peut-être parce que nous n'avons pas appris à distinguer les rythmes et leurs phases, à battre le blanc tant qu'il n'y a pas de neige et à surmonter les obstacles surmontables. Il y a des efforts contre-productifs et il est bénéfique de les voir. Néanmoins, il semble arrogant de déterminer à l'avance ce que nous méritons de vivre et de recevoir sans donner de soi-même.
Au début et pendant longtemps, la volonté et l'effort sont hautement nécessaires pour contrer la résistance du moi à passer en mode cerveau droit, ses jugements, et sa soif de contrôle. Et plus le moi s'éclipse, moins l'effort est nécessaire – plus la volonté se réduit à de la prise de décision.
Et pourquoi s'arrêter devant les contraintes, lorsqu'on sait qu'elles nous rendent plus inventifs ?
Le développement de l'être, c'est comme la poterie. Si l'on appuye trop fort (volontarisme), la terre va s'écraser. Si l'on n'appuye pas assez (laisser-aller) et assez longtemps, la poterie ne va pas prendre forme ou aura une forme inadaptée.