Les hommes sont parait-il dépassés, paumés, angoissés et incapables de bien aimer. Ce sont les femmes qui le disent. Ont-elles tort ou raison ? Les hommes aiment-ils mal, ou autrement ?
Si vous posez la question à des maris, beaucoup répondront d'une manière lapidaire que " c'est bien une question de fille ". Si vous interrogez vos amies, ces trentenaires-quadras plus ou moins en couple, il tombera des anecdotes et adjectifs du genre : « Ils ne pensent qu'au sexe, ils aiment comme des menteurs, des pas fiables, des qui-ont-peur-de-l'engagement. »
En effet, le discours de surface chez les femmes est : « Ils sont lâches, veules, nuls. Mais dès qu'on creuse, le discours redevient : « Ils sont forts, on a envie de se reposer sur eux. » À l'inverse, quand on interroge les hommes, ceux-ci affichent, en surface, un discours très respectueux des femmes : « Elles sont douces, tendres, responsables, affectueuses. » Mais en profondeur, les jugements très sévères reviennent au galop : « Ce sont toutes des s......, elles ne savent pas ce qu'elles veulent. » Le malentendu est profond !
Le sexe ne serait que la deuxième source de plaisir des hommes, derrière les nouvelles technologies. Ils sont 39% à avouer préférer caresser une console de jeux, contre seulement 36% une femme. Sommes-nous tombés si bas ?
Non, en réalité il y a autant d'hommes que de femmes qui ne savent pas aimer. L'amour humain est une folie qui, comme toute folie, n'est pas sexuée. On pourrait dire que c'est notre instinct de survie de l'espèce qui s'exprime, qui n'a rien à voir avec l'amour divin. L'amour humain n'est pas structurant. Ce qui est structurant, c'est ce qui vient après : s'accommoder de cette folie, la vivre au quotidien et la gérer à deux, si la rencontre aboutit au couple, au partenariat ou à l'amitié.
La pulsion instinctive est identique pour les deux sexes. Mais quand il s'agit de s'engager au quotidien, la différence revient au grand galop. Comment les hommes s'accommodent-ils dans la construction de cette mini tour de Babel qu'est le couple, de cette différence de langage avec les femmes ?
Ils aiment sans se poser de questions. Il aime avec leurs forces, cette capacité à être clairs. Ils sont facilement gais pour pas grand chose s'ils savent qu'ils auront de l'amour et du vin. Les femmes, elles, se posent beaucoup de questions : « Cet homme-là est-il le bon ? Le vin est-il frais ? C'est du bourgogne ? Dommage, je préfère le bordeaux. » Leur problématique est de deux sortes : elles veulent toujours plus et elles ne savent pas cloisonner. Les hommes, eux, savent mettre de côté les doutes : « Quand cela va, cela va ! »
D'après beaucoup d'homme, ce qui est fatigant chez les femmes, c'est leur obsession de la preuve d'amour. Demande-t-on sans cesse des preuves d'amitié à ses amis ? Les hommes peuvent comprendre leur besoin parce qu'ils ne savent pas dire leurs sentiments. Mais ils se retrouvent devant une constante évaluation de leur amour, avec le sentiment que les femmes ne sont jamais satisfaites.
Mais ce qui est spectaculaire, c'est que les hommes ne savent pas ce qu'ils veulent. Comme s'ils ne voulaient rien. On leur demande leur vrai désir ? Ils pensent que répondre aux attentes des femmes est la bonne réponse. Il y a quelque chose d'enfantin là-dedans : « Qu'est-ce que maman me demande ? »
Tiens, maman justement. Peut-on reprocher aux mères le fait que les hommes aiment mal leurs femmes ? Depuis trente ans, on tend à faire croire aux enfants, notamment aux petits garçons, qu'ils peuvent tout avoir. Devenus adultes, ils ne savent pas renoncer et restent dans le leurre de leur toute-puissance. Or l'amour, ce n'est pas la liberté égoïste, c'est un "enchaînement" volontaire à un projet, un désir de faire un bout de chemin dans la même direction et au même rythme si possible. Si l'on refuse de lâcher le fantasme de liberté absolue, on ne peut pas entrer dans la relation. Par ailleurs, l'amour, c'est le don. Or on ne peut pas avoir besoin ou envie de donner quand on reçoit tout. Surtout, comme chez les jeunes hommes, quand on a tout reçu de sa maman.
Depuis la révolution féministe des années 1970, les femmes ont imposé, parfois à marche forcée, de nouveaux codes amoureux. Et les hommes ont suivi le mouvement sans se poser plus de questions. Difficile de leur reprocher cet attentisme. Des siècles d'éducation, de coutumes et de culture prétendues viriles les ont convaincus qu'ils n'avaient pas le droit aux émotions, ont rejeté leur intériorité et leur ont interdit d'être eux-mêmes. Pas facile de s'adapter, en une génération, à de nouvelles femmes qui les veulent tendres et émus, mais forts et solides.
Les hommes ont compris que les choses avaient changé, mais ils n'en ont pas profité pour imprimer leur propre marque sur ce changement. Ils sont restés dans le fantasme de la construction d'une masculinité idéale, garantie par des institutions, des cadres, des rôles prédéfinis. Mais cela ne marche plus. Leurs compagnes ont imposé leur langage, l'amoureusement correct : bien aimer, c'est aimer comme une femme. Sauf que, bonne nouvelle, les hommes ne sont pas des femmes comme les autres.
Et faute de le comprendre, les femmes en quête de l'âme soeur masculine se cognent contre des murs d'incompréhension et finissent par douter d'elles-mêmes. Du coup, dans les soirées ou sur Meetic, elles partent en chasse de l'homme parfait.
Les femmes cherchent des hommes parfaits, les hommes se sentent imparfaits... Le malentendu persiste. Dans notre langue le mot amour est un mot à la fois trop sec et ruisselant d'images. Il est souvent galvaudé, conjugué, utilisé indistinctement pour nommer des sentiments très divers : “ J'aime ma femme, mon chat et le pot au feu... ” ou encore : “ Je n'aime pas tes parents mais j'aime qu'ils t'aient donné le jour ! ” C'est un mot grenouille qui veut avaler toutes les nuances du sentiment amoureux, non seulement chez celui qui aime, mais aussi chez celui qui est aimé. Les couleurs et les variations infimes de l'amour naissant, et même celles de l'avant amour, quand nous ne savons pas encore que nous aimons, celles de l'amour ébloui, comblé, les subtilités de l'amour blessé, les infinis gradations de l'amour finissant, les murmures et les odeurs du souvenir, de la nostalgie aimante, celles du regret ou de la haine, quand l'amour blessé ne peut se dire qu'avec son contraire. Des mots de haine, quand l'amour violenté se transforme en hostilité, en détestation, en amertume ou ressentiment et entretient un feu destructeur capable de tout détruire sur son passage.
Mais quand nous sommes en amour, nous déclinons ce mot avec des murmures ou des chants, des poèmes ou des silences chargés d'émotions, des intonations différentes, avec des regards, des gestes, des attentions particulières. Nous le ciselons avec des chuchotements et parfois même avec des cris. Nous l'accordons avec d'autres mots, des adverbes, des adjectifs, des verbes énamourés, nous le flattons avec des élans, des enthousiasmes, nous l'agrandissons avec des rêves et des fantasmes.
Nous tentons aussi de l'alléger quand, dans l'absence, il pèse si lourd. Nous désirons le recréer quand il s'éloigne, voulons le faire germer pour des temps de famine affective, Nous souhaitons le réchauffer aux soleils des étés perdus l'hiver venu. Nous le berçons avec des regrets dans les temps de solitude. Le mot amour ne parle pas toujours d'amour, il dit plus souvent l'attente, le désir, le besoin, la déception, la frustration que la plénitude, le plaisir, l'abondance ou l'abandon.
Alors si vous rencontrez le mot amour à l'orée d'une rencontre, à l'aube d'une relation, n'hésitez pas à l'apprivoiser, à en prendre soin et à le protéger, il contient des rêves et des élans précieux. Il est porteur d'une sève précieuse, celle de toutes les offrandes, il est le réceptacle de l'infinie confiance à s'abandonner au recevoir.
Si vous posez la question à des maris, beaucoup répondront d'une manière lapidaire que " c'est bien une question de fille ". Si vous interrogez vos amies, ces trentenaires-quadras plus ou moins en couple, il tombera des anecdotes et adjectifs du genre : « Ils ne pensent qu'au sexe, ils aiment comme des menteurs, des pas fiables, des qui-ont-peur-de-l'engagement. »
En effet, le discours de surface chez les femmes est : « Ils sont lâches, veules, nuls. Mais dès qu'on creuse, le discours redevient : « Ils sont forts, on a envie de se reposer sur eux. » À l'inverse, quand on interroge les hommes, ceux-ci affichent, en surface, un discours très respectueux des femmes : « Elles sont douces, tendres, responsables, affectueuses. » Mais en profondeur, les jugements très sévères reviennent au galop : « Ce sont toutes des s......, elles ne savent pas ce qu'elles veulent. » Le malentendu est profond !
Le sexe ne serait que la deuxième source de plaisir des hommes, derrière les nouvelles technologies. Ils sont 39% à avouer préférer caresser une console de jeux, contre seulement 36% une femme. Sommes-nous tombés si bas ?
Non, en réalité il y a autant d'hommes que de femmes qui ne savent pas aimer. L'amour humain est une folie qui, comme toute folie, n'est pas sexuée. On pourrait dire que c'est notre instinct de survie de l'espèce qui s'exprime, qui n'a rien à voir avec l'amour divin. L'amour humain n'est pas structurant. Ce qui est structurant, c'est ce qui vient après : s'accommoder de cette folie, la vivre au quotidien et la gérer à deux, si la rencontre aboutit au couple, au partenariat ou à l'amitié.
La pulsion instinctive est identique pour les deux sexes. Mais quand il s'agit de s'engager au quotidien, la différence revient au grand galop. Comment les hommes s'accommodent-ils dans la construction de cette mini tour de Babel qu'est le couple, de cette différence de langage avec les femmes ?
Ils aiment sans se poser de questions. Il aime avec leurs forces, cette capacité à être clairs. Ils sont facilement gais pour pas grand chose s'ils savent qu'ils auront de l'amour et du vin. Les femmes, elles, se posent beaucoup de questions : « Cet homme-là est-il le bon ? Le vin est-il frais ? C'est du bourgogne ? Dommage, je préfère le bordeaux. » Leur problématique est de deux sortes : elles veulent toujours plus et elles ne savent pas cloisonner. Les hommes, eux, savent mettre de côté les doutes : « Quand cela va, cela va ! »
D'après beaucoup d'homme, ce qui est fatigant chez les femmes, c'est leur obsession de la preuve d'amour. Demande-t-on sans cesse des preuves d'amitié à ses amis ? Les hommes peuvent comprendre leur besoin parce qu'ils ne savent pas dire leurs sentiments. Mais ils se retrouvent devant une constante évaluation de leur amour, avec le sentiment que les femmes ne sont jamais satisfaites.
Mais ce qui est spectaculaire, c'est que les hommes ne savent pas ce qu'ils veulent. Comme s'ils ne voulaient rien. On leur demande leur vrai désir ? Ils pensent que répondre aux attentes des femmes est la bonne réponse. Il y a quelque chose d'enfantin là-dedans : « Qu'est-ce que maman me demande ? »
Tiens, maman justement. Peut-on reprocher aux mères le fait que les hommes aiment mal leurs femmes ? Depuis trente ans, on tend à faire croire aux enfants, notamment aux petits garçons, qu'ils peuvent tout avoir. Devenus adultes, ils ne savent pas renoncer et restent dans le leurre de leur toute-puissance. Or l'amour, ce n'est pas la liberté égoïste, c'est un "enchaînement" volontaire à un projet, un désir de faire un bout de chemin dans la même direction et au même rythme si possible. Si l'on refuse de lâcher le fantasme de liberté absolue, on ne peut pas entrer dans la relation. Par ailleurs, l'amour, c'est le don. Or on ne peut pas avoir besoin ou envie de donner quand on reçoit tout. Surtout, comme chez les jeunes hommes, quand on a tout reçu de sa maman.
Depuis la révolution féministe des années 1970, les femmes ont imposé, parfois à marche forcée, de nouveaux codes amoureux. Et les hommes ont suivi le mouvement sans se poser plus de questions. Difficile de leur reprocher cet attentisme. Des siècles d'éducation, de coutumes et de culture prétendues viriles les ont convaincus qu'ils n'avaient pas le droit aux émotions, ont rejeté leur intériorité et leur ont interdit d'être eux-mêmes. Pas facile de s'adapter, en une génération, à de nouvelles femmes qui les veulent tendres et émus, mais forts et solides.
Les hommes ont compris que les choses avaient changé, mais ils n'en ont pas profité pour imprimer leur propre marque sur ce changement. Ils sont restés dans le fantasme de la construction d'une masculinité idéale, garantie par des institutions, des cadres, des rôles prédéfinis. Mais cela ne marche plus. Leurs compagnes ont imposé leur langage, l'amoureusement correct : bien aimer, c'est aimer comme une femme. Sauf que, bonne nouvelle, les hommes ne sont pas des femmes comme les autres.
Et faute de le comprendre, les femmes en quête de l'âme soeur masculine se cognent contre des murs d'incompréhension et finissent par douter d'elles-mêmes. Du coup, dans les soirées ou sur Meetic, elles partent en chasse de l'homme parfait.
Les femmes cherchent des hommes parfaits, les hommes se sentent imparfaits... Le malentendu persiste. Dans notre langue le mot amour est un mot à la fois trop sec et ruisselant d'images. Il est souvent galvaudé, conjugué, utilisé indistinctement pour nommer des sentiments très divers : “ J'aime ma femme, mon chat et le pot au feu... ” ou encore : “ Je n'aime pas tes parents mais j'aime qu'ils t'aient donné le jour ! ” C'est un mot grenouille qui veut avaler toutes les nuances du sentiment amoureux, non seulement chez celui qui aime, mais aussi chez celui qui est aimé. Les couleurs et les variations infimes de l'amour naissant, et même celles de l'avant amour, quand nous ne savons pas encore que nous aimons, celles de l'amour ébloui, comblé, les subtilités de l'amour blessé, les infinis gradations de l'amour finissant, les murmures et les odeurs du souvenir, de la nostalgie aimante, celles du regret ou de la haine, quand l'amour blessé ne peut se dire qu'avec son contraire. Des mots de haine, quand l'amour violenté se transforme en hostilité, en détestation, en amertume ou ressentiment et entretient un feu destructeur capable de tout détruire sur son passage.
Mais quand nous sommes en amour, nous déclinons ce mot avec des murmures ou des chants, des poèmes ou des silences chargés d'émotions, des intonations différentes, avec des regards, des gestes, des attentions particulières. Nous le ciselons avec des chuchotements et parfois même avec des cris. Nous l'accordons avec d'autres mots, des adverbes, des adjectifs, des verbes énamourés, nous le flattons avec des élans, des enthousiasmes, nous l'agrandissons avec des rêves et des fantasmes.
Nous tentons aussi de l'alléger quand, dans l'absence, il pèse si lourd. Nous désirons le recréer quand il s'éloigne, voulons le faire germer pour des temps de famine affective, Nous souhaitons le réchauffer aux soleils des étés perdus l'hiver venu. Nous le berçons avec des regrets dans les temps de solitude. Le mot amour ne parle pas toujours d'amour, il dit plus souvent l'attente, le désir, le besoin, la déception, la frustration que la plénitude, le plaisir, l'abondance ou l'abandon.
Alors si vous rencontrez le mot amour à l'orée d'une rencontre, à l'aube d'une relation, n'hésitez pas à l'apprivoiser, à en prendre soin et à le protéger, il contient des rêves et des élans précieux. Il est porteur d'une sève précieuse, celle de toutes les offrandes, il est le réceptacle de l'infinie confiance à s'abandonner au recevoir.