Dans la première quinzaine du mois d'août de l'an 29, Jésus aborda soudainement, avec les douze apôtres, la première question qu'il leur eût jamais posée sur lui-même. Il leur posa cette question surprenante : “ Qui dit-on que je suis ? ”
Jésus avait passé de longs mois à instruire les apôtres sur la nature et le caractère du royaume des cieux; il savait bien que le moment était venu de leur en apprendre davantage sur sa propre nature et sur ses relations personnelles avec le royaume. Alors, tandis qu'ils étaient assis sous des mûriers, le Maitre se prépara à l'une des plus importantes discussions de sa longue association avec les apôtres choisis.
Plus de la moitié d'entre eux participèrent aux réponses à la question posée. Ils dirent à Jésus que tous ceux qui le connaissaient le considéraient comme un prophète ou un être humain extraordinaire; que même ses ennemis le craignaient beaucoup et expliquaient ses pouvoirs en l'accusant d'être ligué avec le prince des démons. Les apôtres lui dirent que certains habitants de la Judée et de la Samarie, qui ne l'avaient pas rencontré personnellement, le prenaient pour Jean le Baptiste ressuscité d'entre les morts. Pierre exposa qu'en plusieurs occasions, diverses personnes, avaient comparé Jésus à Moïse, Élie, Isaïe et Jérémie. Après avoir entendu ces commentaires, Jésus se dressa, regarda les douze assis en demi-cercle autour de lui et, d'une manière intense et saisissante, il les montra successivement du doigt en un geste circulaire, et leur demanda : “ Mais vous, qui dites-vous que je suis ? ” Il y eut un moment de silence tendu où les douze ne quittèrent pas leur Maitre des yeux. Puis Simon Pierre, se levant brusquement, s'écria : “ Tu es le Libérateur, le Fils du Dieu vivant. ” Et les onze apôtres se levèrent d'un commun accord montrant, ainsi, que Pierre avait parlé pour eux tous.
Jésus les pria de se rassoir et, se tenant encore debout devant eux, il leur dit : “ Cela vous a été révélé par mon Père. L'heure est venue où il faut que vous connaissiez la vérité sur moi. Mais, pour l'instant, je vous donne comme instruction de ne la dire à personne. ”
Depuis les épisodes de son baptême par Jean et du changement de l'eau en vin à Cana, les apôtres avaient, à des dates diverses, virtuellement accepté Jésus en tant que Messie. Pendant de brèves périodes, certains d'entre eux avaient vraiment cru qu'il était le Libérateur attendu. Mais à peine ces espoirs étaient-ils nés dans leur coeur, que le Maitre les anéantissait par quelques paroles écrasantes ou par un acte qui les décevait. Les apôtres avaient longtemps été fort agités par le conflit entre les concepts du Messie attendu, qui étaient ceux de leur mental et l'expérience de leur association extraordinaire avec cet être humain extraordinaire, qui était celle de leur coeur.
Jésus dit alors aux douze : “ Vous êtes mes ambassadeurs choisis, mais je sais qu'en pareilles circonstances, cette croyance ne saurait être le résultat d'une simple connaissance humaine. Cette croyance est une révélation de l'esprit de mon Père au plus profond de vos âmes. Si donc vous faites cette confession par la clairvoyance de l'esprit de mon Père qui habite en vous, je suis amené à proclamer que, sur ce fondement, j'édifierai la fraternité du royaume des cieux. Sur ce roc de réalité spirituelle, je bâtirai le temple vivant de communauté spirituelle dans les réalités éternelles du royaume de mon Père. Toutes les forces du mal et les armées du péché ne prévaudront pas contre cette fraternité humaine de l'esprit divin. Alors que l'esprit de mon Père sera toujours le guide et le mentor divin de tous ceux qui s'engagent dans les liens de cette communauté de l'esprit, à vous et à vos successeurs, je remets maintenant les clefs du royaume extérieur – l'autorité sur les choses temporelles – les facteurs sociaux et économiques de cette association d'hommes et de femmes en tant que membres du royaume. ” De nouveau, il leur recommanda de ne dire à personne, pour l'instant, qu'il était le Fils de Dieu. Depuis ce jour, ce même Jésus a toujours continué à bâtir ce temple vivant sur le même fondement éternel de sa filiation divine. Les êtres humains qui deviennent ainsi consciemment fils et filles de Dieu sont les pierres humaines constituant ce temple vivant de filiation qui s'élève à la gloire et à l'honneur de la sagesse et de l'amour du Père Éternel des esprits.
Le trait nouveau et essentiel de la confession de Pierre fut la reconnaissance bien nette que Jésus était le Fils de Dieu, qu'il était indiscutablement divin. Depuis son baptême et les noces de Cana, les apôtres l'avaient diversement considéré comme le Messie, mais que le Messie dût être divin ne faisait pas partie du concept juif du libérateur national. Les Juifs n'avaient pas enseigné que le Messie aurait une origine divine; il devait être “ l'oint ”, mais ils n'avaient guère envisagé qu'il soit “ le Fils de Dieu ”. Depuis la confession des apôtres, l'accent fut placé davantage sur la nature conjuguée de Jésus, sur le fait céleste qu'il était le Fils de l'Homme et le Fils de Dieu. C'est sur cette grande vérité de l'union de la nature humaine avec la nature divine que Jésus déclara qu'il bâtirait le royaume des cieux.
Jésus avait cherché à vivre sa vie terrestre et à parachever sa mission d'effusion en tant que Fils de l'Homme. Ses disciples étaient disposés à le considérer comme le Messie attendu. Sachant qu'il ne pourrait jamais réaliser leurs espérances messianiques, il s'efforça de modifier leur concept du Messie de manière à pouvoir répondre partiellement à leur attente. Mais il reconnut maintenant que ce plan n'avait guère de chances d'être mené à bien. Il décida donc audacieusement de révéler son troisième plan – d'annoncer ouvertement sa divinité, de reconnaître la véracité de la confession de Pierre et de déclarer directement aux douze qu'il était un Fils de Dieu.
Durant déjà trois années, Jésus avait proclamé qu'il était le “ Fils de l'Homme, ” et, pendant les trois mêmes années, les apôtres avaient insisté de plus en plus sur le fait qu'il était le Messie juif attendu. Il révéla maintenant qu'il était le Fils de Dieu et choisit de bâtir le royaume des cieux sur le concept de sa nature conjuguée de Fils de l'Homme et de Fils de Dieu. Il avait décidé de ne plus faire d'efforts pour convaincre les apôtres qu'il n'était pas le Messie. Il se proposa désormais de leur révéler audacieusement ce qu'il est, et de ne plus tenir compte de leur persistance à le considérer comme le Messie.
Ni Pierre ni les autres apôtres n'avaient une conception très juste de la divinité de Jésus. Ils ne se rendaient pas compte qu'une nouvelle époque commençait dans la carrière terrestre de leur Maitre, l'époque où l'éducateur-guérisseur devenait le Messie selon la conception nouvelle – le Fils de Dieu. À partir de ce moment-là, un nouveau ton apparut dans les messages du Maitre. Son unique idéal de vie fut désormais la révélation du Père, et l'idée unique de son enseignement fut de présenter, à son univers, la personnification de cette sagesse suprême compréhensible uniquement en la vivant. Il était venu pour que nous puissions tous avoir la vie, et l'avoir plus abondamment.
Jésus entrait maintenant dans le quatrième et dernier stade de sa vie humaine dans la chair. Le premier fut celui de son enfance, des années où il n'avait que faiblement conscience de son origine, de sa nature et de sa destinée en tant qu'être humain. Le second stade fut celui de l'auto-conscience croissante des années de son adolescence et de sa jeunesse, durant lesquelles il comprit plus clairement sa nature divine et sa mission humaine; ce second stade prit fin avec les expériences et révélations associées à son baptême. Le troisième stade de l'expérience terrestre du Maitre s'étendit depuis son baptême, suivi des trois premières années de son ministère d'éducateur et de guérisseur, jusqu'à l'heure mémorable de la confession de Pierre à Césarée de Philippe; ce troisième stade engloba la période où ses apôtres et ses disciples immédiats le connurent en tant que Fils de l'Homme et le considérèrent comme le Messie. La quatrième et dernière période de sa carrière terrestre commença ici, à Césarée de Philippe, et dura jusqu'à la crucifixion. Ce stade de son ministère fut caractérisé par l'aveu de sa divinité et inclut les oeuvres de sa dernière année d'incarnation. La majorité des disciples de Jésus le considérait encore comme le Messie, mais, durant la quatrième période, les apôtres le connurent en tant que Fils de Dieu. La confession de Pierre marqua le commencement de la nouvelle période de réalisation plus complète de la vérité de son ministère suprême en tant que Fils d'effusion sur Terre et pour un univers entier, ainsi que la récognition de ce fait, au moins vaguement, par ses ambassadeurs choisis.
Jésus donna ainsi, dans sa vie, l'exemple de ce qu'il enseignait dans sa religion : la croissance de la nature spirituelle par la technique du progrès vivant. Contrairement à ceux qui le suivirent, il ne mit pas l'accent sur la lutte incessante entre l'âme et le corps. Il enseigna plutôt que l'esprit triomphe aisément des deux et apporte efficacement et profitablement une réconciliation dans un grand nombre de ces conflits intellectuels et instinctifs.
Une nouvelle signification s'attache désormais à tous les enseignements de Jésus. Avant Césarée de Philippe, il se présentait comme le maitre-instructeur de l'évangile du royaume. Après Césarée de Philippe, il apparut non seulement simplement comme instructeur, mais aussi en tant que le représentant divin du Père Éternel, qui est le centre et la circonférence de ce royaume spirituel. Et il fallait que Jésus fit tout cela en tant qu'être humain, en tant que Fils de l'Homme.
Il s'était sincèrement efforcé, d'abord en tant qu'instructeur puis en tant qu'instructeur-guérisseur, de faire entrer ses disciples dans le royaume spirituel, mais ils n'acceptèrent pas. Jésus savait bien que sa mission terrestre ne pouvait réaliser les espoirs messianiques du peuple juif; les prophètes de jadis avaient décrit un Messie irrémédiablement différent de lui. Jésus cherchait, en tant que Fils de l'Homme, à établir le royaume du Père, mais ses disciples ne voulurent pas se lancer dans cette aventure. Voyant cela, Jésus choisit alors de faire la moitié du chemin à la rencontre de ceux qui croyaient en lui; ce faisant, il se prépara ouvertement à assumer le rôle du Fils d'effusion de Dieu.
En conséquence, les apôtres apprirent bien des choses nouvelles en écoutant Jésus, ce jour-là, dans le jardin. Même pour eux, certaines de ces affirmations parurent étranges, et voici quelques-unes de ces saisissantes déclarations :
“ Désormais, si un être humain veut avoir sa place dans notre communauté, qu'il assume les obligations de la filiation, et qu'il me suive. Quand je ne serai plus avec vous, ne vous imaginez pas que le monde vous traitera mieux qu'il n'aura traité votre Maitre. Si vous m'aimez, préparez-vous à prouver cette affection en acceptant de faire le sacrifice suprême ”.
“ Retenez bien mes paroles : Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. Le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être soigné, mais pour soigner et pour offrir sa vie comme un don pour tous. Je vous déclare que je suis venu chercher et sauver les égarés. ”
“ Nul être humain dans ce monde ne voit présentement le Père, sauf le Fils qui est venu du Père; mais, si le Fils est élevé, il attirera tous les êtres humains à lui. Quiconque croit en cette vérité de la nature conjuguée du Fils recevra le don d'une vie plus durable que celle de l'âge. ”
“ Nous ne pouvons pas encore proclamer ouvertement que le Fils de l'Homme est le Fils de Dieu, mais cela vous a été révélé; c'est pourquoi je vous parle audacieusement de ce mystère. Bien que je me présente à vous sous cette forme corporelle, je suis venu de Dieu le Père. Avant qu'Abraham fût, je suis. Je suis vraiment venu du Père dans ce monde tel que vous m'avez connu, et je vous déclare qu'il me faudra bientôt quitter ce monde et reprendre le travail de mon Père. ”
“ Et, maintenant, votre foi peut-elle comprendre la vérité de ces déclarations, après mon avertissement que le Fils de l'Homme ne répondra pas à l'attente de vos pères selon la manière dont ils concevaient le Messie ? Mon royaume n'est pas de ce monde. Pouvez-vous croire la vérité à mon sujet sachant que les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids, mais, moi, je n'ai pas d'endroit où reposer ma tête. ? ”
“ Néanmoins, je vous dis que le Père et moi, nous sommes un. Quiconque m'a vu a vu le Père. Mon Père agit avec moi en toutes ces choses et ne me laissera jamais seul dans ma mission, de même que je ne vous abandonnerai jamais quand vous irez bientôt proclamer cet évangile dans le monde.
“ Et, maintenant, je vous ai emmené à l'écart pour une courte période, seuls avec moi, afin que vous puissiez comprendre la gloire et saisir la grandeur de la vie à laquelle je vous ai appelés : l'aventure d'établir, par la foi, le royaume de mon Père dans le coeur des êtres humains, de bâtir ma communauté d'association vivante avec les âmes de tous ceux qui croient à cet évangile. ”
Les apôtres écoutèrent en silence ces affirmations audacieuses et étonnantes, ils étaient abasourdis. Puis ils se dispersèrent en petits groupes pour discuter et méditer les paroles du Maitre. Ils avaient confessé que Jésus était le Fils de Dieu, mais ils ne pouvaient saisir la pleine signification de ce qu'ils avaient été amenés à faire.
Ce soir-là, André prit sur lui d'avoir une consultation personnelle et approfondie avec chacun de ses frères. Ces entretiens furent profitables et encourageants avec tous ses associés, sauf avec Judas Iscariot. André n'avait jamais eu avec Judas un contact personnel aussi étroit qu'avec les autres apôtres; c'est pourquoi il n'avait pas, jusqu'alors, attaché d'importance au fait que Judas n'ait jamais établi de relations franches et confidentielles avec le chef du corps apostolique. Mais, cette fois-ci, l'attitude de Judas lui causa un tel souci que, plus tard dans la soirée, après que tous les apôtres furent profondément endormis, il alla trouver Jésus et lui exposa la cause de son anxiété. Le Maitre lui dit : “ Tu n'as pas tort, André, de venir me consulter sur ce sujet, mais nous ne pouvons rien faire de plus; continue seulement à accorder la pleine confiance à cet apôtre et ne parle pas à ses frères de ton entretien avec moi. ”
André ne put rien tirer de plus de Jésus. Il y avait toujours eu un sentiment d'incompréhension entre ce Judéen et ses frères Galiléens. Judas avait été choqué par la mort de Jean le Baptiste, profondément froissé par les rebuffades du Maitre en diverses occasions, déçu quand Jésus refusa d'être proclamé roi, humilié par sa fuite devant les pharisiens, chagriné quand Jésus rejeta le défi des pharisiens de leur donner un signe, déconcerté par le refus de son Maitre de recourir à des manifestations de pouvoir et, plus récemment, déprimé et parfois abattu par le vide de la trésorerie. En outre, il manquait à Judas le stimulant des foules.
Dans une certaine mesure et à des degrés divers, chacun des autres apôtres était également affecté par ces mêmes épreuves et tribulations, mais ils aimaient Jésus. En tout cas, ils ont dû l'aimer plus que ne le faisait Judas, car ils l'accompagnèrent jusqu'au bout.
Originaire de Judée, Judas prit pour une offense personnelle le récent avertissement de Jésus aux apôtres “ de se méfier du levain des pharisiens ”; il avait tendance à considérer cette déclaration comme une allusion voilée à lui-même. Mais la grande erreur de Judas était la suivante : maintes et maintes fois, quand Jésus envoyait ses apôtres prier isolément, Judas s'adonnait à des pensées de crainte humaine au lieu d'entrer en communion sincère avec les forces spirituelles de l'univers; en même temps, il persistait à nourrir des doutes subtils sur la mission de Jésus et s'adonnait à sa tendance malheureuse à entretenir des sentiments de revanche.
Jésus emmena ses apôtres avec lui au mont Hermon, où il avait décidé d'inaugurer, en tant que Fils de Dieu, la quatrième phase de son ministère terrestre. Quelques-uns de ses apôtres avaient assisté à son baptème dans le Jourdain et au début de sa carrière en tant que Fils de l'Homme, et il désirait que certains d'entre eux fussent également présents pour entendre de quelle autorité il assumerait publiquement le rôle nouveau de Fils de Dieu. En conséquence, Jésus dit aux douze : “ Faites des provisions et préparez-vous à partir pour la montagne que vous voyez là-bas; l'esprit me demande d'y aller pour recevoir les dons me permettant d'achever mon oeuvre sur terre. Je voudrais y emmener mes frères pour qu'ils puissent également être fortifiés en vue des temps difficiles qui les attendent quand ils passeront avec moi par cette expérience. ”
Dans les grandes lignes, Jésus savait d'avance ce qui allait se passer sur la montagne et désirait vivement que tous ses apôtres puissent partager cette expérience. C'était pour les mettre en condition de recevoir cette révélation de lui-même qu'il s'arrêta avec eux au pied de la montagne. Mais les apôtres ne purent atteindre les niveaux spirituels qui auraient justifié le risque de les mettre pleinement en présence des êtres célestes dont l'apparition sur Terre était imminente. Faute de pouvoir emmener tous ses associés, il décida de prendre avec lui seulement les trois qui avaient l'habitude de l'accompagner dans ces veilles spéciales. En conséquence, Pierre, Jacques et Jean furent les seuls à partager, même partiellement, cette expérience unique avec le Maitre.
De bonne heure, le matin du lundi 15 aout de l'an 29, six jours après la mémorable confession de Pierre, faite à midi au bord de la route sous les muriers, Jésus et les trois apôtres commencèrent l'ascension du mont Hermon.
Jésus avait été prié de monter seul dans la montagne pour régler certaines affaires importantes concernant le déroulement de son effusion incarnée, étant donné que cette expérience se rapportait à l'univers qu'il avait lui-même créé. Il est significatif que l'heure de cet évènement extraordinaire ait été fixée de manière à se produire pendant que Jésus et les apôtres se trouvaient chez les Gentils, et que cet évènement eu lieu effectivement sur une montagne du pays des Gentils.
Maintenant, il montait sur le mont Hermon pour y recevoir les qualifications qui allaient le préparer à descendre dans les plaines du Jourdain pour y jouer les dernières scènes du drame de son effusion sur Terre. Ce jour-là, sur le mont Hermon, le Maitre aurait pu abandonner la lutte et reprendre le gouvernement des divers domaines de son univers. Or, non seulement il décida de satisfaire aux exigences de son ordre de filiation divine, incluses dans le mandat du Fils Éternel du Paradis, mais encore il choisit de satisfaire, dans sa totalité et jusqu'au bout, la volonté présente de son Père Paradisiaque. Au cours de cette journée d'août, trois de ses apôtres le virent refuser l'investiture de la pleine autorité sur son univers. Ils assistèrent avec stupeur au départ des messagers célestes, le laissant seul pour parachever sa vie terrestre en tant que Fils de l'Homme et Fils de Dieu.
La foi des apôtres avait atteint un point culminant au moment où Jésus nourrit les cinq-mille, puis elle tomba rapidement presque à zéro. Maintenant, du fait que le Maitre avait confessé sa divinité, la foi chancelante des douze remonta à son apogée dans les semaines qui suivirent, mais subit ensuite un déclin progressif. Leur troisième renouveau de foi n'eut lieu qu'après la résurrection du Maitre.
Vers trois heures de l'après-midi de cette magnifique journée, Jésus quitta les trois apôtres en disant : “ Je m'en vais seul pendant un moment pour communier avec le Père et ses messagers. Je vous demande de rester ici. En attendant mon retour, priez pour que la volonté du Père soit faite dans tout ce qui vous arrivera en liaison avec la suite de la mission d'effusion du Fils de l'Homme. ” Après leur avoir dit cela, Jésus se retira pour une longue conférence avec Gabriel et le Père Melchizedek. Il ne revint que vers six heures. Voyant l'anxiété des apôtres au sujet de son absence prolongée, il leur dit : “ Pourquoi aviez-vous peur ? Vous savez bien que je dois m'occuper des affaires de mon Père; alors pourquoi doutez-vous quand je ne suis pas auprès de vous ? Je vous déclare maintenant que le Fils de l'Homme a décidé de passer le reste de sa vie terrestre au milieu de vous et comme un être humain semblable à vous. Ayez bon courage. Je ne vous abandonnerai pas avant d'avoir achevé ma tâche. ”
Pendant leur frugal repas du soir, Pierre demanda au Maitre : “ Combien de temps allons-nous rester sur cette montagne, loin de nos frères ? ” Jésus répondit : “ Jusqu'à ce que vous ayez vu la gloire du Fils de l'Homme et que vous sachiez que tout ce que je vous ai déclaré est vrai. ” Ils parlèrent ensuite de la rébellion de Lucifer, assis auprès des braises rougeoyantes de leur feu jusqu'à la tombée de la nuit; puis le sommeil les gagna, car ils étaient partis de très bonne heure ce matin-là.
Après que les trois apôtres eurent dormi profondément pendant une demi-heure environ, ils furent soudain réveillés par un crépitement dans le voisinage et regardèrent autour d'eux. À leur grande surprise et à leur consternation, ils virent Jésus conversant familièrement avec deux êtres brillants vêtus des vêtements de lumière du monde céleste. Le visage et le corps de Jésus brillaient également d'une luminosité céleste. Ils parlaient tous trois une langue étrange. À certains indices, Pierre supposa à tort que les deux personnages inconnus étaient Moïse et Élie; en réalité, c'étaient Gabriel et le Père Melchizedek. À la demande de Jésus, les contrôleurs physiques avaient pris des dispositions pour que les apôtres puissent être témoins de cette scène.
Les trois apôtres eurent tellement peur qu'ils mirent un certain temps à reprendre leurs esprits. Tandis que l'éblouissante vision s'estompait devant leurs yeux et qu'ils observaient Jésus restant seul debout, Pierre, qui avait été le premier à se remettre, dit à Jésus : “ Jésus, Maitre, il est bon d'avoir été ici. Nous nous réjouissons de voir cette gloire. Nous répugnons à redescendre dans le monde peu glorieux. Si tu veux bien, demeurons ici, et nous dresserons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. ” Pierre prononça ces paroles parce qu'il était dans la confusion et qu'aucune autre pensée ne lui était venue.
Tandis que Pierre parlait encore, un nuage argenté s'approcha des quatre êtres humains et les surplomba. Les apôtres furent extrêmement effrayés et tombèrent en adoration, face contre terre. Ils entendirent alors une voix, la même qu'au baptême de Jésus, disant : “ Celui-là est mon fils bien-aimé; écoutez-le. ” Quand le nuage disparut, Jésus fut de nouveau seul avec les trois. Il allongea les mains et les toucha en disant : “ Levez-vous et n'ayez aucune crainte; vous verrez des choses plus grandes que cela. ” Mais les apôtres étaient vraiment effrayés. Ce furent trois êtres humains silencieux et pensifs qui se préparèrent à redescendre de la montagne un peu avant minuit.
Durant la première moitié de la descente, aucun mot ne fut prononcé. Jésus ouvrit alors la conversation en disant : “ Veillez bien à ne raconter à personne, pas même à vos frères, ce que vous avez vu et entendu sur cette montagne, avant que le Fils de l'Homme ne soit ressuscité d'entre les morts. ” Les trois apôtres furent choqués et désemparés par les mots du Maitre “ jusqu'à ce que le Fils de l'Homme soit ressuscité d'entre les morts ”. Ils avaient si récemment réaffirmé leur foi en Jésus en tant que le Libérateur, le Fils de Dieu, et ils venaient de le voir transfiguré en gloire sous leurs yeux; et maintenant il commençait à parler de “ résurrection d'entre les morts ! ”
Pierre frémit à la pensée que son Maitre mourrait – l'idée était trop pénible à supporter. Craignant que Jacques ou Jean ne posent quelque question à ce sujet, il crut préférable de détourner la conversation. Ne sachant de quoi parler, il exprima la première pensée qui lui passa par la tête en disant : “ Maitre, pourquoi les scribes disent-ils qu'Élie doit d'abord venir avant que le Messie n'apparaisse ? ” Sachant que Pierre cherchait à éviter le sujet de sa mort et de sa résurrection, Jésus répondit : “ Il est vrai qu'Élie vient d'abord pour préparer le chemin du Fils de l'Homme qui doit souffrir maints tourments et finalement être rejeté. Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, et qu'ils ne l'ont pas reçu, mais lui ont fait tout ce qui leur a plu. ” Alors, les trois apôtres comprirent qu'il parlait de Jean le Baptiste comme d'Élie. Jésus savait que, si les apôtres persistaient à le considérer comme le Messie, il fallait alors que Jean fût l'Élie de la prophétie.
Jésus enjoignit le silence sur le spectacle de l'avant-gout de la gloire qui l'attendait après sa résurrection, parce qu'il était présentement accueilli comme le Messie et ne voulait pas entretenir, à un degré quelconque, leurs conceptions erronées d'un libérateur opérant des prodiges. Pierre, Jacques et Jean méditèrent longuement sur cet épisode, mais n'en parlèrent à personne avant la résurrection du Maitre.
Tandis qu'ils continuaient à descendre de la montagne, Jésus leur dit : “ Vous n'avez pas voulu me recevoir en tant que Fils de l'Homme. J'ai donc consenti à être reçu selon votre détermination bien arrêtée; mais ne vous y trompez pas, il faudra que la volonté de mon Père l'emporte. Si vous décidez de suivre ainsi la tendance de votre propre volonté, il faut vous préparer à souffrir beaucoup de déceptions et à subir bien des épreuves; mais l'entrainement que je vous ai donné devrait vous permettre de triompher de ces chagrins que vous aurez vous-mêmes choisis. ”
Si Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la transfiguration, la raison n'en était pas qu'ils fussent, en aucun sens, mieux préparés que les autres apôtres à assister à cette scène, ni plus qualifiés spirituellement pour bénéficier d'un aussi rare privilège. Nullement. Le Maitre savait bien qu'aucun des douze n'était spirituellement qualifié pour cette expérience, et c'est pourquoi il emmena seulement les trois apôtres qui avaient mission de l'accompagner dans les moments où il désirait s'isoler pour jouir d'une communion solitaire.
La scène dont Pierre, Jacques et Jean furent les témoins, sur la montagne de la transfiguration, était une vision fugitive du grand spectacle céleste qui se déroula, ce jour-là, sur le mont Hermon. La transfiguration fut l'occasion de :
L'acceptation de la plénitude de l'effusion de la vie incarnée de Michael sur Terre par le Fils-Mère Éternel du Paradis. Jésus avait désormais l'assurance que les exigences du Fils Éternel étaient satisfaites en ce qui le concernait. Ce fut Gabriel qui lui apporta cette assurance.
Le témoignage de la satisfaction de l'Esprit Infini quant à la plénitude de l'effusion sur Terre dans la similitude de la chair mortelle. La représentante de l'Esprit Infini dans l'univers de Nébadon, associée immédiate et collaboratrice toujours présente de Michael sur Salvington, parla en la circonstance par le truchement du Père Melchizedek.
Jésus reçut avec plaisir les deux témoignages concernant le succès de sa mission terrestre apportés par les messagers du Fils Éternel et de l'Esprit Infini, mais il remarqua que son Père n'indiquait pas que l'effusion sur Terre était terminée. La présence invisible du Père ne porta témoignage que par la voix de l'Ajusteur Personnalisé de Jésus disant : “ Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le. ” et ceci fut exprimé en mots destinés à être entendus également par les trois apôtres.
Après cette visitation céleste, Jésus chercha à connaître la volonté de son Père et décida de poursuivre son effusion humaine jusqu'à sa fin naturelle. Tel fut pour Jésus le sens de la transfiguration. Pour les trois apôtres, ce fut un évènement marquant l'entrée du Maitre dans la phase finale de sa carrière terrestre en tant que Fils de Dieu et Fils de l'Homme.
Après la visitation officielle de Gabriel et du Père Melchizedek, Jésus eut des entretiens familiers avec ces deux Fils de son ministère et conversa intimement avec eux au sujet des affaires de son univers.
Jésus avait passé de longs mois à instruire les apôtres sur la nature et le caractère du royaume des cieux; il savait bien que le moment était venu de leur en apprendre davantage sur sa propre nature et sur ses relations personnelles avec le royaume. Alors, tandis qu'ils étaient assis sous des mûriers, le Maitre se prépara à l'une des plus importantes discussions de sa longue association avec les apôtres choisis.
Plus de la moitié d'entre eux participèrent aux réponses à la question posée. Ils dirent à Jésus que tous ceux qui le connaissaient le considéraient comme un prophète ou un être humain extraordinaire; que même ses ennemis le craignaient beaucoup et expliquaient ses pouvoirs en l'accusant d'être ligué avec le prince des démons. Les apôtres lui dirent que certains habitants de la Judée et de la Samarie, qui ne l'avaient pas rencontré personnellement, le prenaient pour Jean le Baptiste ressuscité d'entre les morts. Pierre exposa qu'en plusieurs occasions, diverses personnes, avaient comparé Jésus à Moïse, Élie, Isaïe et Jérémie. Après avoir entendu ces commentaires, Jésus se dressa, regarda les douze assis en demi-cercle autour de lui et, d'une manière intense et saisissante, il les montra successivement du doigt en un geste circulaire, et leur demanda : “ Mais vous, qui dites-vous que je suis ? ” Il y eut un moment de silence tendu où les douze ne quittèrent pas leur Maitre des yeux. Puis Simon Pierre, se levant brusquement, s'écria : “ Tu es le Libérateur, le Fils du Dieu vivant. ” Et les onze apôtres se levèrent d'un commun accord montrant, ainsi, que Pierre avait parlé pour eux tous.
Jésus les pria de se rassoir et, se tenant encore debout devant eux, il leur dit : “ Cela vous a été révélé par mon Père. L'heure est venue où il faut que vous connaissiez la vérité sur moi. Mais, pour l'instant, je vous donne comme instruction de ne la dire à personne. ”
Depuis les épisodes de son baptême par Jean et du changement de l'eau en vin à Cana, les apôtres avaient, à des dates diverses, virtuellement accepté Jésus en tant que Messie. Pendant de brèves périodes, certains d'entre eux avaient vraiment cru qu'il était le Libérateur attendu. Mais à peine ces espoirs étaient-ils nés dans leur coeur, que le Maitre les anéantissait par quelques paroles écrasantes ou par un acte qui les décevait. Les apôtres avaient longtemps été fort agités par le conflit entre les concepts du Messie attendu, qui étaient ceux de leur mental et l'expérience de leur association extraordinaire avec cet être humain extraordinaire, qui était celle de leur coeur.
Jésus dit alors aux douze : “ Vous êtes mes ambassadeurs choisis, mais je sais qu'en pareilles circonstances, cette croyance ne saurait être le résultat d'une simple connaissance humaine. Cette croyance est une révélation de l'esprit de mon Père au plus profond de vos âmes. Si donc vous faites cette confession par la clairvoyance de l'esprit de mon Père qui habite en vous, je suis amené à proclamer que, sur ce fondement, j'édifierai la fraternité du royaume des cieux. Sur ce roc de réalité spirituelle, je bâtirai le temple vivant de communauté spirituelle dans les réalités éternelles du royaume de mon Père. Toutes les forces du mal et les armées du péché ne prévaudront pas contre cette fraternité humaine de l'esprit divin. Alors que l'esprit de mon Père sera toujours le guide et le mentor divin de tous ceux qui s'engagent dans les liens de cette communauté de l'esprit, à vous et à vos successeurs, je remets maintenant les clefs du royaume extérieur – l'autorité sur les choses temporelles – les facteurs sociaux et économiques de cette association d'hommes et de femmes en tant que membres du royaume. ” De nouveau, il leur recommanda de ne dire à personne, pour l'instant, qu'il était le Fils de Dieu. Depuis ce jour, ce même Jésus a toujours continué à bâtir ce temple vivant sur le même fondement éternel de sa filiation divine. Les êtres humains qui deviennent ainsi consciemment fils et filles de Dieu sont les pierres humaines constituant ce temple vivant de filiation qui s'élève à la gloire et à l'honneur de la sagesse et de l'amour du Père Éternel des esprits.
Le trait nouveau et essentiel de la confession de Pierre fut la reconnaissance bien nette que Jésus était le Fils de Dieu, qu'il était indiscutablement divin. Depuis son baptême et les noces de Cana, les apôtres l'avaient diversement considéré comme le Messie, mais que le Messie dût être divin ne faisait pas partie du concept juif du libérateur national. Les Juifs n'avaient pas enseigné que le Messie aurait une origine divine; il devait être “ l'oint ”, mais ils n'avaient guère envisagé qu'il soit “ le Fils de Dieu ”. Depuis la confession des apôtres, l'accent fut placé davantage sur la nature conjuguée de Jésus, sur le fait céleste qu'il était le Fils de l'Homme et le Fils de Dieu. C'est sur cette grande vérité de l'union de la nature humaine avec la nature divine que Jésus déclara qu'il bâtirait le royaume des cieux.
Jésus avait cherché à vivre sa vie terrestre et à parachever sa mission d'effusion en tant que Fils de l'Homme. Ses disciples étaient disposés à le considérer comme le Messie attendu. Sachant qu'il ne pourrait jamais réaliser leurs espérances messianiques, il s'efforça de modifier leur concept du Messie de manière à pouvoir répondre partiellement à leur attente. Mais il reconnut maintenant que ce plan n'avait guère de chances d'être mené à bien. Il décida donc audacieusement de révéler son troisième plan – d'annoncer ouvertement sa divinité, de reconnaître la véracité de la confession de Pierre et de déclarer directement aux douze qu'il était un Fils de Dieu.
Durant déjà trois années, Jésus avait proclamé qu'il était le “ Fils de l'Homme, ” et, pendant les trois mêmes années, les apôtres avaient insisté de plus en plus sur le fait qu'il était le Messie juif attendu. Il révéla maintenant qu'il était le Fils de Dieu et choisit de bâtir le royaume des cieux sur le concept de sa nature conjuguée de Fils de l'Homme et de Fils de Dieu. Il avait décidé de ne plus faire d'efforts pour convaincre les apôtres qu'il n'était pas le Messie. Il se proposa désormais de leur révéler audacieusement ce qu'il est, et de ne plus tenir compte de leur persistance à le considérer comme le Messie.
Ni Pierre ni les autres apôtres n'avaient une conception très juste de la divinité de Jésus. Ils ne se rendaient pas compte qu'une nouvelle époque commençait dans la carrière terrestre de leur Maitre, l'époque où l'éducateur-guérisseur devenait le Messie selon la conception nouvelle – le Fils de Dieu. À partir de ce moment-là, un nouveau ton apparut dans les messages du Maitre. Son unique idéal de vie fut désormais la révélation du Père, et l'idée unique de son enseignement fut de présenter, à son univers, la personnification de cette sagesse suprême compréhensible uniquement en la vivant. Il était venu pour que nous puissions tous avoir la vie, et l'avoir plus abondamment.
Jésus entrait maintenant dans le quatrième et dernier stade de sa vie humaine dans la chair. Le premier fut celui de son enfance, des années où il n'avait que faiblement conscience de son origine, de sa nature et de sa destinée en tant qu'être humain. Le second stade fut celui de l'auto-conscience croissante des années de son adolescence et de sa jeunesse, durant lesquelles il comprit plus clairement sa nature divine et sa mission humaine; ce second stade prit fin avec les expériences et révélations associées à son baptême. Le troisième stade de l'expérience terrestre du Maitre s'étendit depuis son baptême, suivi des trois premières années de son ministère d'éducateur et de guérisseur, jusqu'à l'heure mémorable de la confession de Pierre à Césarée de Philippe; ce troisième stade engloba la période où ses apôtres et ses disciples immédiats le connurent en tant que Fils de l'Homme et le considérèrent comme le Messie. La quatrième et dernière période de sa carrière terrestre commença ici, à Césarée de Philippe, et dura jusqu'à la crucifixion. Ce stade de son ministère fut caractérisé par l'aveu de sa divinité et inclut les oeuvres de sa dernière année d'incarnation. La majorité des disciples de Jésus le considérait encore comme le Messie, mais, durant la quatrième période, les apôtres le connurent en tant que Fils de Dieu. La confession de Pierre marqua le commencement de la nouvelle période de réalisation plus complète de la vérité de son ministère suprême en tant que Fils d'effusion sur Terre et pour un univers entier, ainsi que la récognition de ce fait, au moins vaguement, par ses ambassadeurs choisis.
Jésus donna ainsi, dans sa vie, l'exemple de ce qu'il enseignait dans sa religion : la croissance de la nature spirituelle par la technique du progrès vivant. Contrairement à ceux qui le suivirent, il ne mit pas l'accent sur la lutte incessante entre l'âme et le corps. Il enseigna plutôt que l'esprit triomphe aisément des deux et apporte efficacement et profitablement une réconciliation dans un grand nombre de ces conflits intellectuels et instinctifs.
Une nouvelle signification s'attache désormais à tous les enseignements de Jésus. Avant Césarée de Philippe, il se présentait comme le maitre-instructeur de l'évangile du royaume. Après Césarée de Philippe, il apparut non seulement simplement comme instructeur, mais aussi en tant que le représentant divin du Père Éternel, qui est le centre et la circonférence de ce royaume spirituel. Et il fallait que Jésus fit tout cela en tant qu'être humain, en tant que Fils de l'Homme.
Il s'était sincèrement efforcé, d'abord en tant qu'instructeur puis en tant qu'instructeur-guérisseur, de faire entrer ses disciples dans le royaume spirituel, mais ils n'acceptèrent pas. Jésus savait bien que sa mission terrestre ne pouvait réaliser les espoirs messianiques du peuple juif; les prophètes de jadis avaient décrit un Messie irrémédiablement différent de lui. Jésus cherchait, en tant que Fils de l'Homme, à établir le royaume du Père, mais ses disciples ne voulurent pas se lancer dans cette aventure. Voyant cela, Jésus choisit alors de faire la moitié du chemin à la rencontre de ceux qui croyaient en lui; ce faisant, il se prépara ouvertement à assumer le rôle du Fils d'effusion de Dieu.
En conséquence, les apôtres apprirent bien des choses nouvelles en écoutant Jésus, ce jour-là, dans le jardin. Même pour eux, certaines de ces affirmations parurent étranges, et voici quelques-unes de ces saisissantes déclarations :
“ Désormais, si un être humain veut avoir sa place dans notre communauté, qu'il assume les obligations de la filiation, et qu'il me suive. Quand je ne serai plus avec vous, ne vous imaginez pas que le monde vous traitera mieux qu'il n'aura traité votre Maitre. Si vous m'aimez, préparez-vous à prouver cette affection en acceptant de faire le sacrifice suprême ”.
“ Retenez bien mes paroles : Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. Le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être soigné, mais pour soigner et pour offrir sa vie comme un don pour tous. Je vous déclare que je suis venu chercher et sauver les égarés. ”
“ Nul être humain dans ce monde ne voit présentement le Père, sauf le Fils qui est venu du Père; mais, si le Fils est élevé, il attirera tous les êtres humains à lui. Quiconque croit en cette vérité de la nature conjuguée du Fils recevra le don d'une vie plus durable que celle de l'âge. ”
“ Nous ne pouvons pas encore proclamer ouvertement que le Fils de l'Homme est le Fils de Dieu, mais cela vous a été révélé; c'est pourquoi je vous parle audacieusement de ce mystère. Bien que je me présente à vous sous cette forme corporelle, je suis venu de Dieu le Père. Avant qu'Abraham fût, je suis. Je suis vraiment venu du Père dans ce monde tel que vous m'avez connu, et je vous déclare qu'il me faudra bientôt quitter ce monde et reprendre le travail de mon Père. ”
“ Et, maintenant, votre foi peut-elle comprendre la vérité de ces déclarations, après mon avertissement que le Fils de l'Homme ne répondra pas à l'attente de vos pères selon la manière dont ils concevaient le Messie ? Mon royaume n'est pas de ce monde. Pouvez-vous croire la vérité à mon sujet sachant que les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids, mais, moi, je n'ai pas d'endroit où reposer ma tête. ? ”
“ Néanmoins, je vous dis que le Père et moi, nous sommes un. Quiconque m'a vu a vu le Père. Mon Père agit avec moi en toutes ces choses et ne me laissera jamais seul dans ma mission, de même que je ne vous abandonnerai jamais quand vous irez bientôt proclamer cet évangile dans le monde.
“ Et, maintenant, je vous ai emmené à l'écart pour une courte période, seuls avec moi, afin que vous puissiez comprendre la gloire et saisir la grandeur de la vie à laquelle je vous ai appelés : l'aventure d'établir, par la foi, le royaume de mon Père dans le coeur des êtres humains, de bâtir ma communauté d'association vivante avec les âmes de tous ceux qui croient à cet évangile. ”
Les apôtres écoutèrent en silence ces affirmations audacieuses et étonnantes, ils étaient abasourdis. Puis ils se dispersèrent en petits groupes pour discuter et méditer les paroles du Maitre. Ils avaient confessé que Jésus était le Fils de Dieu, mais ils ne pouvaient saisir la pleine signification de ce qu'ils avaient été amenés à faire.
Ce soir-là, André prit sur lui d'avoir une consultation personnelle et approfondie avec chacun de ses frères. Ces entretiens furent profitables et encourageants avec tous ses associés, sauf avec Judas Iscariot. André n'avait jamais eu avec Judas un contact personnel aussi étroit qu'avec les autres apôtres; c'est pourquoi il n'avait pas, jusqu'alors, attaché d'importance au fait que Judas n'ait jamais établi de relations franches et confidentielles avec le chef du corps apostolique. Mais, cette fois-ci, l'attitude de Judas lui causa un tel souci que, plus tard dans la soirée, après que tous les apôtres furent profondément endormis, il alla trouver Jésus et lui exposa la cause de son anxiété. Le Maitre lui dit : “ Tu n'as pas tort, André, de venir me consulter sur ce sujet, mais nous ne pouvons rien faire de plus; continue seulement à accorder la pleine confiance à cet apôtre et ne parle pas à ses frères de ton entretien avec moi. ”
André ne put rien tirer de plus de Jésus. Il y avait toujours eu un sentiment d'incompréhension entre ce Judéen et ses frères Galiléens. Judas avait été choqué par la mort de Jean le Baptiste, profondément froissé par les rebuffades du Maitre en diverses occasions, déçu quand Jésus refusa d'être proclamé roi, humilié par sa fuite devant les pharisiens, chagriné quand Jésus rejeta le défi des pharisiens de leur donner un signe, déconcerté par le refus de son Maitre de recourir à des manifestations de pouvoir et, plus récemment, déprimé et parfois abattu par le vide de la trésorerie. En outre, il manquait à Judas le stimulant des foules.
Dans une certaine mesure et à des degrés divers, chacun des autres apôtres était également affecté par ces mêmes épreuves et tribulations, mais ils aimaient Jésus. En tout cas, ils ont dû l'aimer plus que ne le faisait Judas, car ils l'accompagnèrent jusqu'au bout.
Originaire de Judée, Judas prit pour une offense personnelle le récent avertissement de Jésus aux apôtres “ de se méfier du levain des pharisiens ”; il avait tendance à considérer cette déclaration comme une allusion voilée à lui-même. Mais la grande erreur de Judas était la suivante : maintes et maintes fois, quand Jésus envoyait ses apôtres prier isolément, Judas s'adonnait à des pensées de crainte humaine au lieu d'entrer en communion sincère avec les forces spirituelles de l'univers; en même temps, il persistait à nourrir des doutes subtils sur la mission de Jésus et s'adonnait à sa tendance malheureuse à entretenir des sentiments de revanche.
Jésus emmena ses apôtres avec lui au mont Hermon, où il avait décidé d'inaugurer, en tant que Fils de Dieu, la quatrième phase de son ministère terrestre. Quelques-uns de ses apôtres avaient assisté à son baptème dans le Jourdain et au début de sa carrière en tant que Fils de l'Homme, et il désirait que certains d'entre eux fussent également présents pour entendre de quelle autorité il assumerait publiquement le rôle nouveau de Fils de Dieu. En conséquence, Jésus dit aux douze : “ Faites des provisions et préparez-vous à partir pour la montagne que vous voyez là-bas; l'esprit me demande d'y aller pour recevoir les dons me permettant d'achever mon oeuvre sur terre. Je voudrais y emmener mes frères pour qu'ils puissent également être fortifiés en vue des temps difficiles qui les attendent quand ils passeront avec moi par cette expérience. ”
Dans les grandes lignes, Jésus savait d'avance ce qui allait se passer sur la montagne et désirait vivement que tous ses apôtres puissent partager cette expérience. C'était pour les mettre en condition de recevoir cette révélation de lui-même qu'il s'arrêta avec eux au pied de la montagne. Mais les apôtres ne purent atteindre les niveaux spirituels qui auraient justifié le risque de les mettre pleinement en présence des êtres célestes dont l'apparition sur Terre était imminente. Faute de pouvoir emmener tous ses associés, il décida de prendre avec lui seulement les trois qui avaient l'habitude de l'accompagner dans ces veilles spéciales. En conséquence, Pierre, Jacques et Jean furent les seuls à partager, même partiellement, cette expérience unique avec le Maitre.
De bonne heure, le matin du lundi 15 aout de l'an 29, six jours après la mémorable confession de Pierre, faite à midi au bord de la route sous les muriers, Jésus et les trois apôtres commencèrent l'ascension du mont Hermon.
Jésus avait été prié de monter seul dans la montagne pour régler certaines affaires importantes concernant le déroulement de son effusion incarnée, étant donné que cette expérience se rapportait à l'univers qu'il avait lui-même créé. Il est significatif que l'heure de cet évènement extraordinaire ait été fixée de manière à se produire pendant que Jésus et les apôtres se trouvaient chez les Gentils, et que cet évènement eu lieu effectivement sur une montagne du pays des Gentils.
Maintenant, il montait sur le mont Hermon pour y recevoir les qualifications qui allaient le préparer à descendre dans les plaines du Jourdain pour y jouer les dernières scènes du drame de son effusion sur Terre. Ce jour-là, sur le mont Hermon, le Maitre aurait pu abandonner la lutte et reprendre le gouvernement des divers domaines de son univers. Or, non seulement il décida de satisfaire aux exigences de son ordre de filiation divine, incluses dans le mandat du Fils Éternel du Paradis, mais encore il choisit de satisfaire, dans sa totalité et jusqu'au bout, la volonté présente de son Père Paradisiaque. Au cours de cette journée d'août, trois de ses apôtres le virent refuser l'investiture de la pleine autorité sur son univers. Ils assistèrent avec stupeur au départ des messagers célestes, le laissant seul pour parachever sa vie terrestre en tant que Fils de l'Homme et Fils de Dieu.
La foi des apôtres avait atteint un point culminant au moment où Jésus nourrit les cinq-mille, puis elle tomba rapidement presque à zéro. Maintenant, du fait que le Maitre avait confessé sa divinité, la foi chancelante des douze remonta à son apogée dans les semaines qui suivirent, mais subit ensuite un déclin progressif. Leur troisième renouveau de foi n'eut lieu qu'après la résurrection du Maitre.
Vers trois heures de l'après-midi de cette magnifique journée, Jésus quitta les trois apôtres en disant : “ Je m'en vais seul pendant un moment pour communier avec le Père et ses messagers. Je vous demande de rester ici. En attendant mon retour, priez pour que la volonté du Père soit faite dans tout ce qui vous arrivera en liaison avec la suite de la mission d'effusion du Fils de l'Homme. ” Après leur avoir dit cela, Jésus se retira pour une longue conférence avec Gabriel et le Père Melchizedek. Il ne revint que vers six heures. Voyant l'anxiété des apôtres au sujet de son absence prolongée, il leur dit : “ Pourquoi aviez-vous peur ? Vous savez bien que je dois m'occuper des affaires de mon Père; alors pourquoi doutez-vous quand je ne suis pas auprès de vous ? Je vous déclare maintenant que le Fils de l'Homme a décidé de passer le reste de sa vie terrestre au milieu de vous et comme un être humain semblable à vous. Ayez bon courage. Je ne vous abandonnerai pas avant d'avoir achevé ma tâche. ”
Pendant leur frugal repas du soir, Pierre demanda au Maitre : “ Combien de temps allons-nous rester sur cette montagne, loin de nos frères ? ” Jésus répondit : “ Jusqu'à ce que vous ayez vu la gloire du Fils de l'Homme et que vous sachiez que tout ce que je vous ai déclaré est vrai. ” Ils parlèrent ensuite de la rébellion de Lucifer, assis auprès des braises rougeoyantes de leur feu jusqu'à la tombée de la nuit; puis le sommeil les gagna, car ils étaient partis de très bonne heure ce matin-là.
Après que les trois apôtres eurent dormi profondément pendant une demi-heure environ, ils furent soudain réveillés par un crépitement dans le voisinage et regardèrent autour d'eux. À leur grande surprise et à leur consternation, ils virent Jésus conversant familièrement avec deux êtres brillants vêtus des vêtements de lumière du monde céleste. Le visage et le corps de Jésus brillaient également d'une luminosité céleste. Ils parlaient tous trois une langue étrange. À certains indices, Pierre supposa à tort que les deux personnages inconnus étaient Moïse et Élie; en réalité, c'étaient Gabriel et le Père Melchizedek. À la demande de Jésus, les contrôleurs physiques avaient pris des dispositions pour que les apôtres puissent être témoins de cette scène.
Les trois apôtres eurent tellement peur qu'ils mirent un certain temps à reprendre leurs esprits. Tandis que l'éblouissante vision s'estompait devant leurs yeux et qu'ils observaient Jésus restant seul debout, Pierre, qui avait été le premier à se remettre, dit à Jésus : “ Jésus, Maitre, il est bon d'avoir été ici. Nous nous réjouissons de voir cette gloire. Nous répugnons à redescendre dans le monde peu glorieux. Si tu veux bien, demeurons ici, et nous dresserons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. ” Pierre prononça ces paroles parce qu'il était dans la confusion et qu'aucune autre pensée ne lui était venue.
Tandis que Pierre parlait encore, un nuage argenté s'approcha des quatre êtres humains et les surplomba. Les apôtres furent extrêmement effrayés et tombèrent en adoration, face contre terre. Ils entendirent alors une voix, la même qu'au baptême de Jésus, disant : “ Celui-là est mon fils bien-aimé; écoutez-le. ” Quand le nuage disparut, Jésus fut de nouveau seul avec les trois. Il allongea les mains et les toucha en disant : “ Levez-vous et n'ayez aucune crainte; vous verrez des choses plus grandes que cela. ” Mais les apôtres étaient vraiment effrayés. Ce furent trois êtres humains silencieux et pensifs qui se préparèrent à redescendre de la montagne un peu avant minuit.
Durant la première moitié de la descente, aucun mot ne fut prononcé. Jésus ouvrit alors la conversation en disant : “ Veillez bien à ne raconter à personne, pas même à vos frères, ce que vous avez vu et entendu sur cette montagne, avant que le Fils de l'Homme ne soit ressuscité d'entre les morts. ” Les trois apôtres furent choqués et désemparés par les mots du Maitre “ jusqu'à ce que le Fils de l'Homme soit ressuscité d'entre les morts ”. Ils avaient si récemment réaffirmé leur foi en Jésus en tant que le Libérateur, le Fils de Dieu, et ils venaient de le voir transfiguré en gloire sous leurs yeux; et maintenant il commençait à parler de “ résurrection d'entre les morts ! ”
Pierre frémit à la pensée que son Maitre mourrait – l'idée était trop pénible à supporter. Craignant que Jacques ou Jean ne posent quelque question à ce sujet, il crut préférable de détourner la conversation. Ne sachant de quoi parler, il exprima la première pensée qui lui passa par la tête en disant : “ Maitre, pourquoi les scribes disent-ils qu'Élie doit d'abord venir avant que le Messie n'apparaisse ? ” Sachant que Pierre cherchait à éviter le sujet de sa mort et de sa résurrection, Jésus répondit : “ Il est vrai qu'Élie vient d'abord pour préparer le chemin du Fils de l'Homme qui doit souffrir maints tourments et finalement être rejeté. Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, et qu'ils ne l'ont pas reçu, mais lui ont fait tout ce qui leur a plu. ” Alors, les trois apôtres comprirent qu'il parlait de Jean le Baptiste comme d'Élie. Jésus savait que, si les apôtres persistaient à le considérer comme le Messie, il fallait alors que Jean fût l'Élie de la prophétie.
Jésus enjoignit le silence sur le spectacle de l'avant-gout de la gloire qui l'attendait après sa résurrection, parce qu'il était présentement accueilli comme le Messie et ne voulait pas entretenir, à un degré quelconque, leurs conceptions erronées d'un libérateur opérant des prodiges. Pierre, Jacques et Jean méditèrent longuement sur cet épisode, mais n'en parlèrent à personne avant la résurrection du Maitre.
Tandis qu'ils continuaient à descendre de la montagne, Jésus leur dit : “ Vous n'avez pas voulu me recevoir en tant que Fils de l'Homme. J'ai donc consenti à être reçu selon votre détermination bien arrêtée; mais ne vous y trompez pas, il faudra que la volonté de mon Père l'emporte. Si vous décidez de suivre ainsi la tendance de votre propre volonté, il faut vous préparer à souffrir beaucoup de déceptions et à subir bien des épreuves; mais l'entrainement que je vous ai donné devrait vous permettre de triompher de ces chagrins que vous aurez vous-mêmes choisis. ”
Si Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la transfiguration, la raison n'en était pas qu'ils fussent, en aucun sens, mieux préparés que les autres apôtres à assister à cette scène, ni plus qualifiés spirituellement pour bénéficier d'un aussi rare privilège. Nullement. Le Maitre savait bien qu'aucun des douze n'était spirituellement qualifié pour cette expérience, et c'est pourquoi il emmena seulement les trois apôtres qui avaient mission de l'accompagner dans les moments où il désirait s'isoler pour jouir d'une communion solitaire.
La scène dont Pierre, Jacques et Jean furent les témoins, sur la montagne de la transfiguration, était une vision fugitive du grand spectacle céleste qui se déroula, ce jour-là, sur le mont Hermon. La transfiguration fut l'occasion de :
L'acceptation de la plénitude de l'effusion de la vie incarnée de Michael sur Terre par le Fils-Mère Éternel du Paradis. Jésus avait désormais l'assurance que les exigences du Fils Éternel étaient satisfaites en ce qui le concernait. Ce fut Gabriel qui lui apporta cette assurance.
Le témoignage de la satisfaction de l'Esprit Infini quant à la plénitude de l'effusion sur Terre dans la similitude de la chair mortelle. La représentante de l'Esprit Infini dans l'univers de Nébadon, associée immédiate et collaboratrice toujours présente de Michael sur Salvington, parla en la circonstance par le truchement du Père Melchizedek.
Jésus reçut avec plaisir les deux témoignages concernant le succès de sa mission terrestre apportés par les messagers du Fils Éternel et de l'Esprit Infini, mais il remarqua que son Père n'indiquait pas que l'effusion sur Terre était terminée. La présence invisible du Père ne porta témoignage que par la voix de l'Ajusteur Personnalisé de Jésus disant : “ Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le. ” et ceci fut exprimé en mots destinés à être entendus également par les trois apôtres.
Après cette visitation céleste, Jésus chercha à connaître la volonté de son Père et décida de poursuivre son effusion humaine jusqu'à sa fin naturelle. Tel fut pour Jésus le sens de la transfiguration. Pour les trois apôtres, ce fut un évènement marquant l'entrée du Maitre dans la phase finale de sa carrière terrestre en tant que Fils de Dieu et Fils de l'Homme.
Après la visitation officielle de Gabriel et du Père Melchizedek, Jésus eut des entretiens familiers avec ces deux Fils de son ministère et conversa intimement avec eux au sujet des affaires de son univers.